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APPARTIAMENTUM est un spectacle en appartement qui a vu le jour en 2016 en coproduction avec le Théâtre Populaire Romand à la Chaux-de- Fonds.

Il s'est ensuite joué dans la programmation du Théâtre Les Halles à Sierre en 2017 puis en 2019 avec la Comédie de Genève. 36 représentations ont étés actuellement données.

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Conception Camille Mermet

Texte Joël Maillard

Création et installation sonore Cédric Simon

Avec Camille Mermet et Aline Papin

Et la participation musical de Rémy Rufer

Et le regard précieux de Marion Duval, Aurelien Patouillard et Dejan Gacond

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Camille Mermet et Aline Papin vous invitent chez vous. En votre absence, elles prennent possession de votre domicile pour en faire la scène de leur théâtre en appartement. On les voit ici s’installer, avant que leur hôte ne débarque avec des copains.
Image: LAURENT GUIRAUD 

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«On est la pièce de théâtre!» lance Mateo, le technicien, à une voisine surprise de voir passer un chariot de barda par la porte cochère. L’explication suffira à rassurer l’habitante, déjà prévenue par une affichette que se donnerait ce soir-là au 4e une représentation en appartement. 

 

Avec Camille et Aline, Mateo a une centaine de minutes, montre en main, pour aménager leur territoire éphémère. Son occupant habituel vient de se voir congédier avec cette consigne: «Oubliez que c’est ici chez vous! Revenez à l’heure dite, nous vous accueillerons avec vos amis!» 

Une enceinte à la balustrade 

À peine l’amphytrion a-t-il tourné les talons que le trio remplace son patronyme par celui d’une inconnue sur la plaque de l’interphone, au rez, comme sur la porte d’entrée, à l’étage. À l’intérieur, quelques photos perso dispersées parmi les images déjà fixées aux murs, une statuette placée en évidence sur la table de chevet, des papiers éparpillés au sol, une radio posée sur le bureau du salon, une ramassoire et sa pelle remplie de bris de vaisselle casée dans un coin: voilà quelques-unes des traces d’annexion laissées par les intrus. Ces derniers ont encore besoin de temps pour une exigeante installation technique. 

D’abord, enregistrer le tintement spécifique de la sonnette. Idem avec le toussotement de la chasse d’eau. Tester les prises de sons obtenues. Les diffuser plusieurs fois grâce à un système de télécommandes et de récepteurs. Plus délicat, suspendre un baffle immense par la fenêtre – l’hôte ne possédant pas de balcon –, et l’attacher aux ferronneries à l’aide de câbles et de courroies. 

Pieds nus, les deux comédiennes vont parcourir le quatre-pièces en répétant texte, repères et enchaînements. Elles procèdent en toute complicité, leurs gestes rodés par plus de deux ans de collaboration sur ce projet de Camille qu’elles tournent aux quatre coins de la Romandie. Ah, un détail: ne pas oublier de prendre la photo polaroïd du séjour encore vierge d’assistance. 

Ça y est, le décor leur appartient. Elles savent comment l’exploiter au mieux. Transformer ce lieu de vie privée en plateau public. Y créer l’improbable. «Là, elle panique un peu», souffle l’une au sujet de l’autre. Elle sait de quoi elle parle, Aline Papin, pour avoir interprété plus de 200 fois «Ariane dans son bain», un précédent fameux de théâtre en appartement, conçu par Denis Maillefer en 2011, d’après Albert Cohen. Et elle ne croit pas si bien dire. 

Des jumelles contraires 

Ayant désormais rejoint la dizaine de spectateurs qui piétinent sur le bitume, votre dévouée s’apprête à remonter découvrir un spectacle de trois quarts d’heure dont elle n’a, en une heure trente, saisi que quelques bribes. Lorsque sonne le groupuscule, Camille Mermet – rebaptisée du nom de la nouvelle locataire – est en effet paniquée: elle ne nous attendait pas si nombreux. Dans un débit impétueux, elle improvise les anecdotes futiles qu’elle enchaîne aux formules de politesse. Explique la quantité de mouchoirs en papier, les habits dont on est libre de se servir, le rideau-douche à l’effigie de Marilyn. «Regardez tout, je n’ai pas de tabou!» Dans son pull imprimé d’une mappemonde, elle rassemble son auditoire autour de la table basse, sert du vin à chacun, prend une photo, et poursuit ses bavardages dont on soupçonne peu à peu la part de mythomanie. 

Son hystérie douce se lézarde bientôt de fissures inquiétantes. La sonnerie retentit à nouveau, sans que personne ne se présente sur le palier. Les toilettes débordent à grands glouglous. Des grenouilles en surgiraient en masse – ça, on ne le voit pas. Dehors, le ciel rugit dans un bruit de tonnerre. «J’suis un peu stressée, je sais pas si je gère bien accueillir les gens», hoquette celle qui se prétend globe-trotter. Dégoulinante sous le «problème d’eau», la maîtresse de maison finit par prendre les jambes à son cou, épouvantée. On en est à la mi-temps. 

«Elle déménage toujours après une catastrophe», commence alors son alter ego, qui a pris sa place. Aussi retenue que la première était fébrile, Aline Papin récite en 

 

regardant ses auditeurs dans les yeux. Son monologue dense et poétique, composé dès maintenant par l’homme de théâtre Joël Maillard, renseigne sur l’âme tourmentée de sa jumelle contraire. Décrit, non sans mordant, le lent cheminement qui l’a amenée à l’isolement, au dépouillement, puis à la symbiose avec ce double «à qui elle parle comme à un enfant non conçu». Tout s’explique rétrospectivement grâce à ce détour ésotérique. Même ce détail: sur le polaroïd de notre hôtesse ne figure aucun des convives. Hanté par tant de fantômes, le logement peut retourner à son propriétaire. L’«Appartiamentum», «partage» en latin, a eu lieu. 

«Appartiamentum» La Comédie, jusqu’au 8 juin, réservations complètes, 022 320 50 00, www.comedie.ch (TDG) 

Créé: 24.05.2019, 18h45 , par Katia Berger 

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